Alerte Big Mother ! En 2020, la Chine mettra en place le projet du « système de crédit social ». Il consiste à collecter massivement les données des citoyens afin de leur affecter une note sur leur comportement[1].

Alors que l’Union Européenne a pour principale préoccupation l’arrivée du RGPD qui a vocation à protéger les données à caractère personnel des citoyens[2], de son côté la Chine a décidé de collecter lesdites données pour allouer des bons ou mauvais points aux élèves citoyens. L’Etat nation devient une agence de cotation.

Du stade totalitaire au stade primaire

Tous sont concernés : personnes physiques et personnes morales. En effet, cette analyse du comportement aura pour finalité d’attribuer une note pour distribuer des droits ou en retirer.

Comme à l’école, les citoyens seront infantilisés, notés avec des bons ou des mauvais points. Les meilleurs élèves auront le droit d’accéder à certains services : voyager en première classe, bénéficier d’une promotion, obtenir un prêt bancaire, inscrire ses enfants dans une école privée et la liste est encore bien longue…

Les cancres s’en verront refuser l’accès sur des critères prédictifs aléatoires. Les expatriés seront également concernés par ce futur dispositif. Leur cotation sera déterminante pour l’octroi ou le renouvellement de leur visa.

Chaque métadonnée est collectée et exploitée pour dicter l’octroi des futurs droits de la population. Toutes les sources de données sont admises, le Pantagruel chinois digère tout. Le sacro-saint barème transforme les sujets de droit en des sujets de point.

Vers une société transparente

« Réalisons ensemble le rêve de la Chine », scande le slogan. L’objectif affiché de ce crédit social est de décourager la fraude et la corruption, et d’avertir les individus sur les conséquences de leurs actes. L’Etat chinois souhaite bannir ces comportements pour se diriger vers une société de confiance, sincère et harmonieuse.

Le mot d’ordre de la « smart city » à la chinoise est celui de la transparence. Vous êtes dignes de confiance car vous n’avez rien à cacher, l’auto-censure est de rigueur.

« La censure, cette chienne au front bas qui suit tous les pouvoirs » selon Victor Hugo, est le mot d’ordre de cette cité idéale.

Le re- formatage de la société a déjà commencé…

La population chinoise a déjà commencé à se préparer à ce nouveau mode de vie[3]. En effet, ces ressortissants disposent d’un droit de payer leurs loisirs via leur smartphone. Cependant, si les internautes ont un mauvais comportement sur WeChat (application de messagerie instantanée) ils peuvent se voir retirer ce droit. Egalement, les mauvais élèves peuvent être placé sur une liste noire depuis 2013, il est déjà possible de les empêcher d’évoluer professionnellement ou de prendre l’avion.

Sesame Credit à partir des données collectées, attribue déjà une note à l’internaute afin d’évaluer sa solvabilité. Ainsi, les plus aisés ont notamment des facilités à obtenir des emprunts, à louer des voitures sans caution ou bénéficient de contrôles allégés dans les aéroports.

Le panoptique mis en place par l’Etat pour surveiller et punir se heurte paradoxalement à la cyber malveillance induite par cette collecte massive.

La cyber justice immanente …

Pour réaliser ce projet, ce sont les données de 700 millions d’internautes chinois qui vont être collectées. Du respect du code de la route aux activités sur les réseaux sociaux, tous les éléments décrivant le comportement d’un ressortissant sont recueillis, ce qui constitue une aubaine et un marché colossal pour les hackers. Une fois le système de collecte installé, il sera ciblé et régulièrement attaqué.

L’Etat contre-attaque : Le 6 octobre dernier, il a inauguré une ligne de fibre optique Pékin-Shanghaï qui empêche d’espionner les lignes de communication.

Le Bras de fer pour gagner le trône de la data commence.

L’empire n’aura peut-être pas le dernier mot ….

[1] http://www.lemonde.fr/idees/article/2017/10/25/le-gouvernement-chinois-exploite-habilement-ce-que-nous-ont-appris-les-reseaux-sociaux_5205452_3232.html

[2] Pour plus de précisions, voir notre article sur l’arrivée du nouveau règlement européen sur la protection des données personnelles https://www.altij.fr/veille-juridique/detail-de-lactualite/gdpr-le-nouveau-reglement-europeen-sur-la-protection-des-donnees-personnelles.html

[3] https://alencontre.org/asie/chine/realiser-ensemble-le-reve-de-la-chine-et-le-credit-social.html